L’utilisation d’anti-inflammatoires dans le traitement de la Maladie Respiratoire Bovine (MRB) : Pour permettre aux animaux de souffler un peu.

Par Dre Anne Lemay, mv, IPSAV;

Ceva santé animale

Tous les producteurs bovins ont déjà été aux prises avec un animal atteint de pneumonie. En effet, la maladie respiratoire bovine (MRB) est la maladie la plus courante et la plus coûteuse chez les bovins de boucherie en Amérique du Nord. Cette pathologie est complexe et peut être influencée par plusieurs facteurs tels que :

– Les agents pathogènes impliqués ;

– Les pratiques d’hygiène et de désinfection des installations ;

– La densité d’animaux dans les bâtiments (entassement) ;

– Une ventilation déficiente favorisant l’accumulation d’agents microbiens et d’ammoniac dans l’air ;

– Tout élément susceptible de stresser les animaux (transport, conditions météorologiques, maladies préexistantes, etc.) ;

– L’absence de vaccination ou de programmes de prévention adéquats ;

– Etc.

Bien que les causes et l’évolution de la MRB puissent varier d’un élevage à l’autre, la condition en elle-même demeure essentiellement la même : il s’agit d’une infection des voies respiratoires causée par des bactéries et/ou des virus. L’invasion du tractus respiratoire par des agents pathogènes déclenche une réponse immunitaire chez l’hôte.

Lorsqu’un animal présentant des problèmes respiratoires est identifié, la première réaction est souvent d’administrer des antibiotiques. Ces produits combattent l’infection en ciblant les bactéries. Cependant, il est crucial de se rappeler que, lors d’une infection, la réponse immunitaire de l’organisme entraîne également de l’inflammation.

Rappelez-vous, par exemple, une situation où vous avez subi une coupure ou une brûlure. La zone autour de la blessure est devenue chaude, enflée et douloureuse. C’est ça l’inflammation! L’organisme met en œuvre des mécanismes pour transporter les globules blancs vers le site de l’infection : la circulation sanguine augmente, et du liquide s’accumule dans les tissus.

Imaginez maintenant le même phénomène, mais au niveau des cellules respiratoires, dont la fonction est d’absorber l’oxygène. Une alvéole pulmonaire remplie de liquide ne peut pas remplir adéquatement son rôle et effectuer des échanges gazeux efficaces. Ainsi, on comprend facilement pourquoi, lors de la maladie respiratoire bovine (MRB), l’inflammation devient un problème en soi. Les animaux atteints éprouvent plus de difficultés à s’oxygéner ce qui contribue à altérer leur état général.

Les antibiotiques ne s’attaquent pas à l’inflammation associée à l’infection. C’est l’utilisation d’anti-inflammatoires qui cible cet aspect de la maladie. Comme leur nom l’indique, les anti-inflammatoires agissent contre l’inflammation. Ils réduisent également la fièvre et la douleur tout en atténuant les signes cliniques liés à la maladie respiratoire bovine (MRB), tels que la toux, les écoulements nasaux et les difficultés respiratoires. Après l’administration d’anti-inflammatoires, la réponse inflammatoire de l’animal est ralentie, ce qui laisse le temps aux antibiotiques de faire effet et de combattre l’infection.

Les anti-inflammatoires les plus couramment utilisés chez les bovins sont le kétoprofène, la flunixine méglumine et le méloxicam. Chacun de ces produits présente des caractéristiques distinctes, et tous ont, à différents degrés, des effets anti-inflammatoires, antipyrétiques (contre la fièvre) et analgésiques (contre la douleur). Les principales différences entre ces anti-inflammatoires résident dans la rapidité d’action, la durée des effets et le temps de retrait dans le lait et la viande.

À titre d’exemple, le kétoprofène, malgré son coût élevé, est souvent utilisé chez la vache laitière car il peut être administré sans retrait de lait (lorsqu’utilisé selon les directives de l’étiquette). La flunixine méglumine, quant à elle, agit rapidement pour combattre la fièvre, mais sa durée d’action est d’environ 24 heures. Le méloxicam, avec une durée d’action trois fois plus longue (pouvant aller jusqu’à 72 heures) et des capacités analgésiques supérieures, est une molécule souvent privilégiée dans les cas de maladie respiratoire bovine (MRB).

Il existe sur le marché des produits pour lutter contre la MRB qui combinent un antibiotique et un anti-inflammatoire. Ces produits présentent des efficacités et des modes d’action différents.

Voilà pourquoi il est important de suivre les directives de votre vétérinaire qui sera en mesure de vous guider vers le produit le mieux adapté à votre situation. N’oubliez pas que votre vétérinaire est le seul professionnel habilité à prescrire des médicaments et à vous fournir des conseils concernant le traitement et la prévention des maladies de vos animaux.