On a démontré depuis longtemps les avantages économiques importants de la vermifugation des veaux d’embouche : meilleure consommation, meilleure croissance …et gains économiques appréciables.
Seulement deux classes de médicaments vermifuges (ou anthelmintiques) sont utilisées couramment dans l’industrie : les benzimidazoles (Valbazen, Safe Guard) et les avermectins (Ivomec, Dectomax, Cydectin, plusieurs génériques, etc..)
Cependant plusieurs formulations différentes de ces produits sont disponibles. Les formulations versables ou permettant l’incorporation à la ration ont facilité la mise en place de programme de vermifugation.
Plusieurs questions concernant l’efficacité de ces médicaments ont été soulevées récemment. Voici ce que j’ai trouvé dans la littérature et après avoir consulté le Dr. Alain Villeneuve, professeur à la Faculté de Médecine vétérinaire, pour faire le point sur certaines de ces questions.
Résistance : problème réel ou mythe?
Chez les chevaux, les chèvres et les moutons, la résistance aux anthelmintiques est bien documentée et est effectivement un problème important dans certaines parties du monde.
Chez les bovins, elle a été rapportée dans plusieurs pays pour quelques espèces de vers au cours des dernières années. Il est important de noter cependant qu’elle n’a été que rarement observée pour Ostertagia (ver de l’estomac) qui est le parasite vraiment important pour les bovins au Québec selon le Dr. Villeneuve.
Rien n’indique donc que la résistance aux vermifuges est un « problème » au Québec actuellement. Elle est toutefois une préoccupation réelle des parasitologistes ici comme ailleurs dans le monde.
La combinaison de 2 classes de médicaments pour le traitement des parasites intestinaux est-elle plus efficace ?
Des études ont effectivement démontré un effet « additif » à utiliser, à pleine dose, un médicament de chacune des classes mentionnées en introduction dans cette chronique. C’est d’ailleurs une des pistes étudiées en ce moment pour contrer le phénomène de résistance chez les espèces concernées. L’idée est de tirer profit des mécanismes d’action différents de ces classes de produits pour éviter la sélection de parasites résistants. Cependant, les chercheurs s’entendent pour rappeler que la recherche doit continuer pour établir plus nettement les bénéfices et les inconvénients potentiels des interactions entre ces médicaments. Il est donc prématuré en ce moment de recommander cette pratique en application universelle.
Dr. Villeneuve précise en outre que l’administration d’une combinaison de ces médicaments en-dessous de la dose recommandée est une pratique dangereuse pour le développement de résistance en plus de ne pas avoir été testée expérimentalement. Il n’est donc pas recommandé d’utiliser une combinaison de vermifuges à des dosages inférieurs que ce qui est recommandé sur leurs étiquettes respectives.
Est-ce que les avermectins génériques sont équivalents à ceux d’origine?
Des études comparatives contrôlées ont démontré que certains produits génériques étaient moins efficaces que d’autres produits génériques, et surtout, que les produits d’origine. Cela peut être le résultat de différents facteurs. La molécule « avermectin » est plutôt fragile : elle doit être protégée par exemple contre l’oxygène et contre la lumière. La formulation dans laquelle elle est en solution a aussi un impact sur son activité, en particulier pour les produits versables.
Il est donc particulièrement important de respecter les dates d’expiration et les recommandations d’entreposage pour ce type de produit et d’éviter d’entreposer un contenant pour une période prolongée après son ouverture. Pour ce qui est de la formulation du produit, les manufacturiers d’origine ont l’obligation de respecter celle qui a servi aux études d’homologation. Ce qui n’est pas le cas pour les produits génériques pour lesquels les manufacturiers n’ont pas à effectuer d’essais cliniques pour l’homologation de leur produit. Si un produit générique est de qualité inférieure, il est très difficile pour l’usager de le distinguer des produits d’origine ou des autres produits génériques.
En conclusion, on fait quoi pour maintenir l’efficacité de ces produits?
1. 1. Utiliser un produit d’origine ou distribué par un fournisseur responsable au Canada
2. 2. Administrer la dose recommandée selon le poids de l’animal traité. À cet égard, l’administration per os ou injectable, selon le produit utilisé, est le meilleur moyen de garantir le dosage approprié.
3. 3. La vermifugation d’automne doit être effectuée avec un produit efficace contre les larves inhibée d’Ostertagia : seuls les avermectins détiennent une garantie d’efficacité.
4. 4. Si une combinaison de produits est utilisée, la pleine dose de chacun des produits doit être administrée.
5. 5. En cas de doute sur l’efficacité d’un traitement, consultez un médecin vétérinaire ou un représentant du manufacturier du produit utilisé qui vous aideront à évaluer l’efficacité de votre traitement.
Bon été à tous et n’oubliez pas que les vers ne prennent jamais de vacances!
Paul Baillargeon DVM, MSc
Chef des Services techniques,
Pfizer Santé Animale
paul.baillargeon@pfizer.com
• Paul Baillargeon, DVM MSc
• Publié le 01-06-2011