La traçabilité, alliée du bœuf québécois

Lancé en 2017, le programme Bœuf Québec vise à soutenir la filière locale en garantissant une traçabilité de la ferme à la table. Outre la valeur ajoutée qu’elle apporte aux producteurs, elle joue un rôle essentiel dans la sécurité des consommateurs. À Farnham, la Ferme Janor, une des composantes du groupe éponyme avec la Ferme Roda à Saint-Anicet, fait partie de ses ambassadeurs qui ont soif de reconnaissance et de visibilité.

Tiré de lavoixdelest.ca – par Olivier Pierson – Publié le 27 avril 2022

Marie-Claude Mainville est une figure incontournable de cette exploitation familiale qui a décidé il y a deux ans de se concentrer davantage sur les grandes cultures que sont le maïs, le soya et le blé. La construction d’un centre de grains l’été passé témoigne de ce virage entrepris au nom de la rentabilité.

Le domaine n’a pas pour autant abandonné la production animale, même si le cheptel de bœufs a été revu à la baisse. Le site prévoit de vendre 550 bouvillons cette année, tandis que son équivalent à Saint-Anicet table sur 1000.

Les herbivores qui sont élevés sur place n’ont vraiment rien à cacher. Il faut dire que le programme Agri-Traçabilité Québec veille au grain. La surveillance est au cœur de cette vigie qui permet de retracer tout animal ou tout produit identifié à sa ferme d’origine, et donc de réagir rapidement en cas de problème signalé. Une sorte de GPS sanitaire si l’on veut. Les étiquettes électroniques suspendues aux oreilles des ruminants sont des outils précieux de contrôle et de régie. Elles permettent d’identifier chaque animal au sein d’un troupeau en cas de pépin.

Une demande forte

La Ferme Janor est membre de la Société des parcs d’engraissement du Québec, partenaire de Bœuf Québec. Quelque 80 entreprises familiales constituent ce regroupement qui représente à lui seul 95 % des bouvillons élevés dans la province.

Selon Marie-Claude Mainville, la décision de lancer le projet Bœuf Québec, qui est aussi une marque, répondait à une demande des acheteurs, mais aussi des distributeurs et des transformateurs. La pandémie liée à la COVID est venue ajouter de l’eau au moulin de la consommation locale et de la souveraineté alimentaire, avec pour corollaire un désir accru de transparence.

Marge de manœuvre 

La nécessité de manger local est aussi grande que la marge de progression dont dispose le bœuf québécois.« On produit 12,5 % de ce que l’on consomme au Québec. C’est un secteur où il y a beaucoup d’espace pour aller chercher des parts de marché. Le potentiel est là », rappelle l’agronome de formation. La production annuelle québécoise, qui a fortement chuté depuis 2008, s’élève aujourd’hui à environ 75 000 bêtes, sachant que la population consomme l’équivalent de 600 000 bœufs chaque année. On est loin des 200 000 que fournissait la province il y a 15 ans.

Pour refaire son retard et gagner en visibilité, le bœuf québécois devra davantage transformer sa production sur place. Pour l’heure, les bouvillons du programme Bœuf Québec sont acheminés principalement vers deux abattoirs situés sur le territoire de la province (Montpak International à Terrebonne et Viande Richelieu à Massueville, une ville située entre Drummondville et Sorel), ce qui raccourcit les circuits et assure une traçabilité complète.

Il peut aussi compter sur la participation des grandes chaînes d’alimentation, où il est de plus en plus présent. En 2018, IGA avait montré la voie en lui consacrant des étalages spécifiques dans leur comptoir de viande. Depuis, d’autres grandes surfaces lui ont emboîté le pas.

Pour Marie-Claude Mainville, cette solidarité — ou à tout le moins cette dynamique entre les différents acteurs de la filière — est de bon augure. Elle constitue un socle de travail pour continuer à avancer et favoriser la consommation de proximité. Un pas dans la bonne direction.

Source : https://www.lavoixdelest.ca/2022/04/28/la-tracabilite-alliee-du-buf-quebecois-b6015c67b119d9986458abd0e23180c6