De l’argent pour la lutte aux changements climatiques – le Bulletin des Agriculteurs

Après la gestion de l’azote et les cultures de couverture, le prochain défi vise l’adaptation et la lutte aux changements climatiques.

Par Céline Normandin
JournalistePublié: 14 octobre 2022
CulturesÉlevages

Quelques mois après avoir obtenu un financement de 18M$ d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, l’UPA lance le troisième volet d’Agrisolutions, soit une nouvelle initiative qui veut s’attaquer plus précisément à la source des changements climatiques et des défis qu’ils représentent pour les entreprises agricoles. Ce lancement a eu lieu le 13 octobre à la Ferme JN Beauchemin et fils de Saint-Ours, en Montérégie.

Chapeauté par le projet Agrisolutions climat 2022-2024, la nouvelle initiative vise à aider 100 fermes québécoises en réalisant un diagnostic personnalisé de lutte contre les changements climatiques. Plus précisément, elles pourront bénéficier d’un diagnostic Agriclimat qui comprend le bilan carbone, l’analyse des impacts des changements climatiques sur l’entreprise ainsi que l’élaboration d’un plan d’action pour lutter contre les changements climatiques. Pour débuter, 40 entreprises seront sélectionnées cette année et 60 autres l’année prochaine.

Le projet pourra compter sur l’expertise et la collaboration du Conseil pour le développement de l’agriculture du Québec (CDAQ). Celui-ci mène depuis 2017 le projet Agriclimat avec l’UPA et le Plan d’action aux changements climatiques. Axé sur une méthode collaborative, le projet a permis à plus de 4000 personnes de collaborer.

Le troisième volet d’Agrisolutions a d’ailleurs été rendu possible grâce à la participation de 38 fermes dans un projet-pilote visant à collecter les données sur les impacts respectifs des changements climatiques et les solutions à apporter pour les atténuer. Le projet entend aussi cibler les sources de GES afin de les réduire, si possible. Ces entreprises agricoles regroupent différentes cultures et élevages situés dans chaque région agricoles du Québec.

L’objectif principal du troisième volet est d’offrir aux producteurs une occasion d’approfondir leurs connaissances et compétences en matière de lutte aux changements climatiques. Les experts-conseils accompagnant les producteurs sont également ciblés par ce transfert de connaissances. « Il faut augmenter la conscience (face aux changement climatiques), ce qui passe par de l’éducation, de la formation et l’engagement des conseillers. Il faut aller sur le terrain pour rejoindre les producteurs », explique Martin Caron, président général de l’UPA, qui dit d’ailleurs avoir apprécié le versement direct du fédéral pour financer le programme.

Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec (PGQ), a d’ailleurs comparé les entreprises agricoles à d’immenses laboratoires à ciels ouverts. Ce type de programme vise à rendre l’agriculture québécoise plus performante tout en rendant la planète plus propre. Il demeure important, selon lui, de poursuivre les investissements dans la recherche.

Les entreprises intéressées à participer au troisième volet du programme Agrisolutions ont jusqu’au 18 novembre pour s’inscrire. Environ le quart des 18 M$ iront à cette initiative, le restant étant consacré aux deux autres volets du programme Agrisolutions.

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Bilan des deux premiers volets d’Agrisolutions

La présentation du troisième volet, tenue à la Ferme JN Beauchemin et fils de Saint-Ours, a été l’occasion de faire le bilan de la première année du programme.

Instaurées rapidement afin que les producteurs puissent en profiter au début de la saison 2022, deux premières initiatives ont été lancées pour adopter des pratiques bénéfiques en matière de gestion de l’azote. Ces dernières s’inspirent de l’initiative Sentinelle des Producteurs de grains du Québec (PGQ) et de cultures de couverture. Selon l’UPA, 90 entreprises agricoles ont implanté au printemps des parcelles Sentinelle dans les régions où se cultive le maïs-grain et plus de 750 entreprises agricoles ont ensemencé leurs champs de cultures de couverture sur une superficie totale de près de 55 000 hectares. Rappelons que le financement du fédéral vise à aider les exploitations agricoles à améliorer la résilience aux changements climatiques et leur permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre via l’enveloppe du Fonds d’action à la ferme pour le climat. L’UPA est l’une des 12 organisations récipiendaires du Fonds d’action à la ferme pour le climat.

La conseillère de la Ferme Beauchemin et fils et Raphaël Beauchemin. Photo: Céline Normandin

Le lancement a été l’occasion de visiter les champs de la Ferme Beauchemin. Raphaël Beauchemin a présenté, en compagnie de sa conseillère aux cultures, les résultats de leurs essais. La Ferme JN Beauchemin et fils possède 1000 hectares, dont 200 en cogestion. Elle cultive du maïs-grain, du maïs-ensilage, du soya, du blé et des pois de conserverie en plus du foin. Le troupeau est composé de 350 vaches laitières et de 50 animaux de boucherie. La ferme préconise l’agriculture raisonnée. Il s’agit d’avoir une approche souple, et non rigide, dans les pratiques en s’adaptant au fur et à mesure, tout en préservant l’environnement et de bonnes marges financières.

Ce champs de maïs-ensilage a été semé avec en intercalaire du ray-grass, du trèfle et du radis. Les résultats cette année sont moins impressionnants qu’en 2021, mais satisfaisants. Photo: Céline Normandin

La ferme utilise depuis plusieurs années les cultures de couverture, mais les essais de parcelles de type Sentinelle ont permis de tester différents dosages d’azote en combinaison avec différents hybrides de maïs et de maïs-ensilage, puis d’épandage de fumier, pour tester la zone de confort de la ferme, en tenant compte des rendements. Le défi est d’autant plus grand à la ferme de Saint-Ours qu’ils ont à peu près tous les types de sols et parfois dans le même champ. La famille Beauchemin a pu réduire son épandage d’azote minéralisé tout en adoptant un modus operandi faisable dans le calendrier des cultures. Avec 15 employés travaillant à la ferme, il doit y avoir un mode d’opération adaptable : pas trop compliqué entre travaux impliquant les cultures de couverture, les semis de printemps, les récoltes, les épandages de fumier et les semis du blé d’automne. Raphaël Beauchemin a noté d’autres avantages aux cultures de couverture, dont une sensibilité moins grande aux sécheresses et une meilleure structure de sol.

À PROPOS DE L’AUTEUR

Céline Normandin

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Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.