Par Dre Anne Lemay, DMV, IPSAV
Ceva Santé animale
L’arrivée des températures plus froides coïncide avec la période des infections respiratoires. C’est durant cette saison que seront administrés les plus grands volumes d’antibiotiques dans les élevages du Québec.
Depuis de nombreuse années, les antibiotiques sont utilisés, chez les humains comme chez les animaux, pour lutter contre les infections bactériennes.
Chez les bovins, les antibiotiques sont fréquemment utilisés pour traiter les individus malades mais aussi pour diminuer les impacts potentiels de certaines maladies contagieuses sur le troupeau.
Or, la résistance des bactéries aux antibiotiques est un sujet qui suscite de plus en plus d’inquiétude au niveau mondial et représente un danger pour la santé humaine et animale. La résistance se développe lorsqu’une bactérie exposée à un antibiotique développe des mécanismes de protection lui permettant de se prémunir, en tout ou en partie, de l’effet de cet antibiotique. Cette bactérie devenue résistante engendrera ensuite d’autres bactéries qui seront-elles aussi résistantes. Il deviendra alors beaucoup plus difficile de traiter les humains et les animaux contre les infections bactériennes.
Pour s’assurer que les produits antibiotiques soient utilisés de façon responsable, plusieurs pays dont le Canada ont resserré les règles entourant l’utilisation des antimicrobiens en production animale. Le Québec est d’ailleurs un chef de file dans ce domaine avec l’adoption, en 2019, d’une loi restreignant l’usage de certaines classes d’antibiotiques en production animale.
Pour utiliser de façon adéquate des antibiotiques, il est important de comprendre que les produits ne fonctionnent pas tous de la même manière et n’ont pas tous la même efficacité. L’efficacité d’un antibiotique sera affectée par le type de bactéries en cause, les organes infectés, la sévérité des lésions, etc. Votre vétérinaire saura vous offrir des recommandations éclairées, fondées sur des données probantes pour vous guider dans le choix des produits. Grâce à ses connaissances, ce professionnel pourra vous recommander l’antibiotique le mieux adapté à la situation de votre troupeau.
Voici quelques conseils pour vous aider à effectuer une utilisation rationnelle et judicieuse des antibiotiques :
Suivez les protocoles de traitement établis par le vétérinaire
Les protocoles sont établis de façon à optimiser l’utilisation des antibiotiques. En suivant les protocoles, vous vous assurez non seulement de traiter vos animaux de façon uniforme mais aussi d’utiliser le bon médicament pour combattre le type d’infection. Cela signifie aussi d’utiliser le médicament à la dose prescrite, selon une mesure ou un estimé du poids vif de l’animal et au moment approprié.
Plusieurs facteurs peuvent être responsables d’une mauvaise réponse au traitement. Une des causes importantes d’échec thérapeutique est directement liée à la mauvaise utilisation des médicaments: Pas le bon antibiotique pour la maladie en cause, trop grand volume de médicament par site d’injection, mauvais dosage, mauvaise voie d’administration, durée et fréquence du traitement insuffisant, produit périmé, mal conservé ou contaminé …
Tenez des dossiers
Notez les traitements que vous donnez à vos animaux. L’information consignée dans vos dossiers permettra à votre vétérinaire d’évaluer l’efficacité des traitements prescrits et vous permettra d’assurer la sécurité alimentaire en évitant d’envoyer des animaux ayant des résidus médicamenteux.
Maintenez une bonne régie
Un environnement propre, une densité adéquate d’animaux, une bonne ventilation (contrôle de l’humidité, des courants d’air froids et de l’ammoniac), une nutrition équilibrée (niveau d’énergie et de protéines adéquat, bon minéral), la détection et le traitement précoce des maladies sont autant de facteurs qui influenceront la santé de votre troupeau et, par conséquent, votre recours aux antibiotiques.
Adoptez des mesures de biosécurité
Afin d’éviter d’introduire des maladies dans votre élevage, des règles de biosécurité devraient être mises en place telles que l’isolement des nouveaux sujets ou des animaux malades (avoir un parc hôpital), le contrôle de l’accès aux bâtiments, la mise en place des procédures de nettoyage et de désinfection, le contrôle des rongeurs, etc.
Mieux vaut prévenir que guérir.
La vaccination est l’un des moyens les plus efficaces pour protéger les animaux contre les infections.
Il existe désormais plusieurs vaccins efficaces aidant à prévenir les maladies respiratoires bovines et ainsi réduire le recours aux antibiotiques.
Votre vétérinaire vous conseillera le produit le mieux adapté à vos besoins.