L’objectif est de monter à 200 millions de dollars de ventes dans cinq ans
source: https://www.lebulletin.com/elevage/lobjectif-ambitieux-de-boeuf-quebec-123962
Cinq des six membres fondateurs de la coopérative en présence de gens du CDRQ et de la SPEQ. De gauche à droite : Martin Noël (CDRQ), Jean-Sébastien Gascon (SPEQ), Clément Dubois (membre fondateur), Giacomo Zoïa (membre fondateur), Marie-Claude Mainville (membre fondatrice et présidente de la SPEQ), Jonathan Daunais (membre fondateur), Éric Desrosiers (membre fondateur), Dany Fortin du SPEQ et Kristalna Vincent-Douville (CDRQ). Jean-François D’Anjou (membre fondateur) était absent lors de la photo. Photo: Marie-Josée Parent
En février prochain, Bœuf Québec passera officiellement du statut de marque appartenant à un organisme sans but lucratif (OSBL) à celui de coopérative. La marque créée et appartenant toujours à la Société des parcs d’engraissement du Québec ne pouvait plus continuer de fonctionner de cette façon. Il reste toutefois des obstacles à surmonter, dont le plus important qui est celui de savoir comment le mieux intégrer les éleveurs de veaux d’embouche.
Le 23 novembre 2022, la Société des parcs d’engraissement a tenu à Drummondville une assemblée générale spéciale sous le thème de l’innovation, du développement durable et de la coopération. L’évènement a regroupé 45 participants, dont 20 propriétaires de parcs d’engraissement et trois producteurs de veaux d’embouche.
Après cinq ans d’existence, Bœuf Québec a réussi à créer de la valeur dans toute la chaîne de production parce que l’équipe a réussi à amener les gens à travailler ensemble dans toute la chaîne, de la naissance des veaux jusqu’à la transformation. En 2022, les ventes sont de 16 millions de dollars, comparativement à 8 millions de dollars en 2021 et 2,7 en 2020. L’objectif est de monter à 200 millions de dollars dans cinq ans. Seul il y a cinq ans, le directeur général des parcs d’engraissement, Jean-Sébastien Gascon, peut aujourd’hui compter sur une équipe de 10 personnes pour l’appuyer.
Pour atteindre un objectif aussi ambitieux, l’agronome Yvan Richard, chargé de projet chez Bœuf Québec, a développé le projet Carcasse Bœuf Québec qui vise à ajouter de la valeur à la carcasse. En répondant mieux aux besoins des consommateurs et des acheteurs, Bœuf Québec pourra créer de la valeur qui sera redistribuée dans tous les maillons. Mais en grossissant, Bœuf Québec ne peut plus rester un OSBL. « En grossissant, il faut sortir de la coquille OSBL. Bœuf Québec n’existe pas. L’objectif c’est de donner un statut juridique à Bœuf Québec », explique Jean-Sébastien Gascon. Pour l’instant, Bœuf Québec n’est pas une entité juridique, mais une marque de commerce appartenant à la SPEQ, un OSBL.
Devant l’assemblée, le conseiller principal en développement coopératif de la Coopérative de développement régional du Québec (CDRQ), Martin Noël, a expliqué que le statut juridique retenu, la coopérative, est la meilleure option pour la suite de Boeuf Québec. Un OSBL ne peut pas avoir l’objectif de faire du profit comme c’est le cas actuellement avec Bœuf Québec. S’il y a des surplus, ils ne peuvent pas être retournés aux membres. Ce qui n’est pas le cas avec une coopérative. La coopérative fonctionne un peu comme une compagnie, mais qui appartient à ses membres. « La coop n’appartient qu’à ses membres. Ça ne peut pas appartenir à quelqu’un d’autre », explique-t-il. Il n’est donc pas possible qu’elle soit rachetée par une grande compagnie ou des intérêts étrangers. La coopérative a des obligations légales. Les membres détiennent des parts sociales et ne sont responsables que de ce montant.
Pour que la coopérative fonctionne bien, il faut un maximum de producteurs qui en fassent partie. « Le but d’une coopérative, c’est de faire du commerce », explique Martin Noël. La coopérative a deux avantages majeurs : celui de pouvoir capitaliser avec un fonds de roulement. L’autre est celui de pouvoir verser des ristournes à ses membres. Martin Noël explique toutefois qu’il ne faudra pas s’attendre à retirer des ristournes la première année. Il ajoute que Bœuf Québec a un gros avantage : celui d’avoir déjà un important chiffre d’affaires. En cas de dissolution d’une coopérative, ce qui est très rare, le membre n’a engagé que sa part sociale.
Dans les prochains mois, Martin Noël travaillera avec la SPEQ pour finaliser les détails de la coopérative. Quel est le montant idéal pour la part sociale? Le montant évoqué de 2000$ n’est pas définitif. En entrevue, la présidente de la SPEQ, Marie-Claude Mainville, explique que pour certains propriétaires de parcs d’engraissement, ce montant est trop élevé. Les temps sont durs pour certains parcs d’engraissement qui n’ont pas grand de terres et dont les revenus reposent principalement sur le bœuf.
Comment intégrer les producteurs de veaux d’embouche? Traditionnellement, les producteurs de veaux d’embouche et les propriétaires de parcs d’engraissement ont toujours eu de la difficulté à travailler ensemble. Or, Bœuf Québec a été créé par les gens de parcs qui sont beaucoup moins nombreux que ceux de veaux. Il y a une crainte chez les gens de parcs de perdre le contrôle de ce qu’ils ont bâti dans Bœuf Québec. Bœuf Québec a toujours eu comme objectif d’amener tous les acteurs à travailler ensemble. La coopérative Bœuf Québec sera une coopérative de producteurs qui ne regroupera que des producteurs. Toutefois, les acteurs qui ont aidé à développer la marque, soit les abattoirs, les transformateurs et les distributeurs, ont investi gros dans le projet et veulent que Bœuf Québec demeure et progresse. Déjà, six propriétaires de parcs d’engraissement ont signifié leur intérêt de devenir membres fondateurs de la nouvelle coopérative: la présidente de la SPEQ, Marie-Claude Mainville, ainsi que Éric Desrosiers, Giacomo Zoïa, Jean-François D’Anjou, Jonathan Daunais et Clément Dubois.
« Vous êtes dans un sweet spot extraordinaire », dit Martin Noël qui invite les producteurs à saisir l’opportunité.