La Société des Parcs d’Engraissement du Québec (SPEQ) aura 35 ans, en novembre 2011. C’est en 1975 qu’une douzaine de pionniers de l’engraissement du bœuf, visionnaires et déterminés, réunis à l’ITA de Saint-Hyacinthe, ont fondé la SPEQ. Sa mission était de développer l’engraissement du bœuf par l’information, le transfert technologique et la défense des intérêts de ses membres.

Un contexte historique et une problématique assez complexe expliquent sa création. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler :

  1. Avènement des contingentements laitiers; 50 % des fermes laitières allaient disparaître, d’où la disponibilité de sols;
  2. Accès au crédit à l’élevage possible pour le porc sous intégration, mais quasi impossible pour l’engraissement du bœuf;
  3. Malgré le contingentement de la production du lait qui empêche tout développement, tant au MAPAQ, à l’UPA, que chez les prêteurs, la croyance est que le bœuf n’est pas une alternative au Québec, l’engraissement c’est pour l’ouest « Au Québec, hors du lait, point de salut! »;
  4. Un régime de stabilisation pour le vache-veau mais rien pour l’engraissement : les veaux d’embouche s’en vont en Ontario;
  5. Poids politique faible et par conséquent une écoute quasi nulle de la part des décideurs, tant au gouvernement, à l’UPA et qu’à l’Office du crédit agricole. D’ailleurs, la Fédération des producteurs de bœuf du Québec voit d’un mauvais œil et inutile la création d’un organisme regroupant quelques engraisseurs;
  6. À la même époque, on ne croit pas non plus à la culture des céréales et du maĩs dont la production est à moins de 30 % des besoins.

Un appui de taille
Le Premier ministre élu le 15 novembre 1976, René Lévesque, disait « qu’un peuple qui ne se nourrit pas est un peuple qui va disparaître ». Jean Garon, alors ministre de l’agriculture, avait fort bien saisi le message et, à la demande de la SPEQ, mettait en place un régime d’assurance-stabilisation des bouvillons. Cet outil essentiel et ce support s’avéraient nécessaires au secteur de l’engraissement pour être compétitif avec l’industrie laitière et avicole, indirectement subventionnée par les consommateurs.

Impact important et croissance rapide
Dès sa fondation, les dirigeants de la SPEQ se sont mis à l’œuvre pour le recrutement et la promotion de l’engraissement, si bien qu’en quelques années le nombre de membres de la SPEQ dépassait 200. Des journées d’information, des voyages d’étude, des visites de fermes et les échanges entre les membres ont assuré un développement qui en a surpris plus d’un : en 1981, à la veille de la crise des taux d’intérêt dépassant 20 %, on produisait déjà 70 000 bouvillons. Nous étions partis presque à zéro. Pour débloquer et sortir de l’immobilisme, il faudra attendre l’arrivée d’autres visionnaires.

La SPEQ s’est aussi impliquée dans la mise en marché et l’administration du plan conjoint, dans la filière bovine, dans l’élaboration du guide des bonnes pratiques, dans le dossier des andains au champ. Avec l’appui des partenaires, elle a tenu plus de 20 colloques et organisé plusieurs voyages d’étude au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe.

La SPEQ et ses membres actuels ont comme objectif de maintenir le dynamisme qui a caractérisé les membres fondateurs et leurs successeurs, lesquels, dans le plus pur bénévolat, ont largement contribué au développement et à la consolidation des fermes engagées dans l’engraissement du bœuf.

Norbert Dubé, agr.