Rien de plus bucolique qu’une image de vaches qui broutent dans un pré. Or, derrière la photo pastorale, les petits producteurs de bovins ont de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts. Ce texte est le 12e de notre série Sur la route – À la recherche du Québec.

Des vaches qui consomment de la moulée dans un champ à la ferme de Guy Brouillette.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demershttps://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1920418/sur-la-route-vaches-famine-perade-beauce-bernier
Émilie Dubreuil (accéder à la page de l’auteur)

Émilie DubreuilPublié le 30 septembre 2022
SAINTE-ANNE-DE-LA-PÉRADE à SAINT-VICTOR EN BEAUCE – Sur le chemin du Roy, la plus vieille route d’Amérique, le ciel est orageux. Les deux immenses clochers de l’église de Sainte-Anne-de-la-Pérade sont coiffés de nuages noirs. Le clair-obscur de l’automne semble avoir suspendu le temps dans ce village de la MRC des Chenaux, capitale mondiale de la pêche au poulamon.
Au kiosque de blé d’Inde de la ferme de Guy Brouillette, la saison tire à sa fin. On en a encore jusqu’à la première grosse gelée
, dit l’agriculteur de 58 ans en m’offrant un épi sucré, chaud, avec du beurre. Entre deux bouchées, je lui demande : – Et alors, Monsieur Brouillette, comment va l’agriculture au Québec? Comme le ciel de ce matin d’automne, les propos de monsieur Brouillette sont tempétueux. Ça va bien pour les gros, mais pour les autres, c’est la famine totale
. Il soupire et répète : La famine totale
.